La quadrichromie, mot issu du latin quadra “quatre” et du grec chromia “couleur”, signifie littéralement “quatre couleurs” que sont le Cyan, le Magenta, le Jaune et le Noir. Mais pourquoi le Cyan, le Magenta et le Jaune ? Simplement parce que ce sont les trois couleurs primaires en synthèse soustractive, ce qui signifie que quand elles sont superposées à 100 %, théoriquement, le mélange donne du noir, un brun foncé en réalité. On y applique donc le noir, et cela forme l’acronyme CMJN.
Au moment où un graphiste s’adresse à un imprimeur pour réaliser tous types de support d’impression, que ce soit une carte de visite, une affiche, une carte de correspondance, un flyer, un catalogue, un magazine, ou n’importe quel imprimé en couleurs, il sera à tout moment confronté au même dilemme : le document doit-il être préparé pour être imprimé en quadrichromie ou en Pantone ? Mais de quoi parle-t-on précisément ? La quadrichromie (quadri pour les initiés) ainsi que le Pantone sont les deux méthodes principales pour procéder à une impression en couleurs. Mais qu’est-ce qui différencie ces deux couleurs en matière de rendu final, de coûts et de contraintes ?
La quadrichromie ou couleurs CMJN (CMYK en anglais)
Quand vous contemplez la photo d’un magazine de très près (avec une loupe si nécessaire), il vous sera possible de distinguer une multitude de points minuscules. C’est ce que l’on appelle une image quadrichromique, où les 4 couleurs sont juxtaposées en de minuscules points afin de donner l’impression d’une couleur unie. On appelle cette technique le système de couleurs CMJN, ou CMYK en anglais.
Le coloris noir est aussi employé afin de bénéficier de gris neutres, difficiles à obtenir avec les trois couleurs primaires. Toutefois, on peut ajouter une couleur supplémentaires au coloris noir pour accentuer les nuances de cris (une encre brune ou orangée par exemple), procédé courant pour les ouvrages de photographies en noir et blanc. De même, il est possible d’ajouter le cyan au noir afin d’imprimer en noir “soutenu”. L’application du noir permet en même temps d’assurer le contraste des images ainsi que la netteté du texte. En impression, le noir est par ailleurs moins coûteux que les autres couleurs.
En mélangeant un pourcentage variable de chacune de ces trois couleurs primaires plus le coloris noir, on peut bénéficier d’environ 16 000 000 de couleurs différentes. La fusion de ces 4 coloris CMJN ainsi que la grandeur des points déterminent la teinte de la couleur définitive ou finale.
Mais quels sont les points forts ainsi que les limites de la quadrichromie ? C’est ce que nous allons voir tout de suite après.
Les apports positifs de la quadrichromie
- La quadrichromie est beaucoup plus économique côté coût.
- Rapidité d’impression.
- Utilisation facile dans la préparation des documents.
- La quadrichromie permet d’imprimer quasiment toutes les couleurs.
Les limites de la quadrichromie
- Avec une impression quadrichromique, très souvent, vous ne bénéficierez pas exactement des couleurs qui correspondent à vos attentes.
- Certaines couleurs vives paraissent ternes à l’impression en CMJN (Photoshop vous avertit généralement quand vous utilisez des couleurs “non imprimables” en mode CMJN en les signalant par un “!”).
La couleur Pantone ou PMS (Pantone Matching System)
Généralement, les couleurs Pantone sont des teintes normalisées et référencées dans un recueil d’échantillons appelé Nuancier Pantone ou Pantonier (comme pour la peinture où il existe une charte montrant les différents coloris disponibles). Le nuancier Pantone associe un numéro à chaque couleur. Les encres Pantone employées en imprimerie professionnelle sont prédéfinies, leur utilisation est ce qu’on appelle une impression en tons directs. Il existe par ailleurs d’autres types d’encres à plat, mais le Pantone est la référence principale en Amérique du Nord.
Les tons directs du pantonier sont mélangés afin de bénéficier de plus de 1 000 couleurs déclinées en papier couché (papier glacé auprès du grand public) et non couché (brut, design plus artisanal, plus haut de gamme) ou mat (léger vernis) à partir de 14 couleurs basiques. Différemment de la quadrichromie qui est un mélange de couleurs, le Pantone est un mélange physique des couleurs, c’est-à-dire que les encres sont mélangées par le pressier avant d’imprimer. Le système Pantone s’appuie donc non pas sur quatre mais sur quatorze couleurs basiques.
Quelles sont les différentes gammes de couleurs Pantone ?
En ce qui concerne les gammes de la couleur Pantone, on retrouve tout d’abord la gamme Pantone C (coated) pour le papier couché, puis la gamme Pantone U (uncoated) pour le papier non couché, et la gamme Pantone M (matted) pour le papier mat.
Mais pourquoi une telle distinction ? Parce que selon le support sur lequel vous allez procéder à l’impression, en fonction de l’absorption du papier, le rendu final ne sera pas identique. Or, le but du pantonier Pantone est justement de vous garantir un rendu final aussi proche que possible du pantonier, ce qui est en effet un défi majeur pour tout studio graphique perfectionniste.
En ce qui concerne les pantoniers, on en compte généralement 4, à savoir :
- Le pantonier des solides aux couleurs coated, uncoated ou mat.
- Le pantonier CMJN qui se réfère au mélange quadrichromique et précédé des lettres DS.
- Le pantonier textile, dont les coloris sont désignés par 6 chiffres accompagnés parfois des lettres TP (Textile Papier) ou TC (Textile Coton).
Tout comme la couleur quadrichromie, la couleur Pantone a également des avantages et, bien sûr, des limites que nous allons tout de suite énumérer.
Les avantages de la couleur Pantone
- Des couleurs fiables grâce au nuancier Pantone.
- Une qualité de couleurs beaucoup plus importante et plus vive qu’en quadrichromie.
- La possibilité de bénéficier de couleurs spéciales (des encres métallisées : or et argent par exemple).
- Aplats impeccables (au lieu de trames en quadri).
- Possibilité d’imprimer en moyen et grand format, de poser un vernis après impression, d’employer des papiers de grammage, d’imprimer sur des supports non absorbants.
Les inconvénients de la couleur Pantone
- Il y a toujours un risque de variation dans la couleur par rapport au nuancier, même en Pantone, et ceci en fonction de la trame (éventuelle) du papier, du taux de mouillage, de la couleur du papier, etc. Il est donc indispensable d’en tenir compte dans votre réalisation graphique tout en évitant les promesses absolues au client…
- La couleur Pantone est à déconseiller en impression numérique. Si vous passez par un imprimeur exclusivement numérique, votre mise en page doit impérativement être en quadrichromie.
- Le tarif des consommables (plaques et encres) est beaucoup plus important, se répercutant donc sur le tarif d’impression.
- La couleur Pantone est beaucoup plus chère que la couleur quadri , mais intéressante pour les grands volumes ou pour des tirages monochromes (une seule couleur Pantone utilisée).
Pour conclure…
Votre choix devra donc se faire, si possible, en fonction de critères simples, à savoir le nombre ainsi que le type de couleurs présentes dans le support à imprimer, le budget et vos attentes en matière de design et de qualité.
Il faut garder à l’esprit qu’il est tout à fait possible d’intégrer une ou plusieurs couleurs Pantone dans un travail imprimé en CMJN. Dans ce cas, on dit que le travail est imprimé en 5,6 ou X couleurs. Cela permet en effet de fusionner les apports positifs des deux méthodes, mais il y aura un impact considérable au niveau des tarifs.
Photoshop et Illustrator sont deux logiciels pro qui vous permettront de dénicher sans aucune difficulté les correspondances entre les couleurs quadri et les couleurs Pantone par le biais du mélangeur. En sélectionnant une couleur puis en cliquant sur “Bibliothèque de couleurs”, le programme choisira la couleur Pantone la plus proche.